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MISSION

 

 

ORCHESTRER NOS SOLITUDES :

LA RENCONTRE COMME TERRITOIRE DE CRÉATION

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Matériaux Composites est né d’une question : comment convoquer sur scène le monde d’aujourd’hui, ses fractures, sa richesse, sa complexité ? Comment rendre compte de la fragmentation et de la multiplicité de nos réalités, intimes et collectives, tout en cherchant furieusement à en dépasser l’éclatement ? Comment être ensemble sans se nier, dans le maintien des différences ? Comment penser autrement les liens qui nous unissent et ouvrir la voie à des alliances nouvelles ?

 

Si notre approche est formelle, elle l’est par nécessité : besoin de questionner et de refléter le monde actuel et ses enjeux, urgence de se rencontrer à partir de nos différences, nécessité de dés-inventer/ré-inventer notre rapport au monde dans l’expérience collective et sensible du théâtre.

 

Ligne continue mais non linéaire, notre recherche se compose de proche en proche, et se poursuit de création en création, à travers des questions qui débordent, insistent et subsistent, tout en ne cessant de se transformer. L’idée-phare qui sous-tend toute notre démarche pourrait se résumer ainsi : orchestrer nos solitudes, artistiques et humaines.

 

Au plan artistique, orchestrer des solitudes, c’est tisser des réseaux de sens, des résonnances entre les multiples composantes d’un univers, entre les différents matériaux, arts et présences convoqués, sans qu’aucune singularité ne s’efface complètement au profit de l’ensemble.  Nous rêvons de la scène du théâtre comme l’espace d’une pluralité, d’une polyphonie. De rencontres.

 

Au fil du temps, la rencontre s’est imposée comme notre véritable territoire de création. Rencontre entre les arts d’abord, par les collaborations avec des créateurs qui nourrissent les projets de leurs préoccupations et sensibilités particulières. Mais aussi, et surtout depuis Album de finissants où nous avons plongé dans la réalité de l’adolescence et partagé la scène avec plus de 300 jeunes, la rencontre s’incarne pour nous dans un rapport plus direct au réel, avec l’autre, des autres, des réalités, des communautés.

 

Enfin, la rencontre, c’est aussi celle avec un public, chaque fois différent. À l’heure où nous n’avons plus le temps de rien, où la vie semble une course sans fin, et où nos relations au monde et aux autres sont le plus souvent virtuelles, nous ressentons plus que jamais la nécessité du théâtre, comme espace de rassemblement, dans un lieu et un temps réel. Nous voulons questionner et bousculer les modalités de cette rencontre avec le spectateur, dans la conscience qu’il fait lui aussi pleinement partie de l’événement, qu’il fait avec nous l’événement. Que nous sommes là, seuls-ensemble, rassemblés en marge du quotidien et de ses exigences, tentant de réfléchir, ressentir et partager autrement le monde, aspirant à orchestrer nos solitudes.